Inconvénients du carton : les aspects moins connus du matériau d’emballage

La réglementation européenne ne se prive pas d’autoriser certains additifs dans les cartons destinés à l’emballage alimentaire. Pourtant, des doutes persistent sur la migration possible de ces substances vers les aliments eux-mêmes. Beaucoup d’entreprises, fières de brandir le carton comme un symbole écologique, préfèrent passer sous silence la soif d’eau et d’énergie de sa fabrication.

Des recherches récentes tirent la sonnette d’alarme sur les risques de contamination croisée durant le recyclage, avec un impact direct sur la sécurité sanitaire. Pendant ce temps, les emballages plastiques, souvent mis au ban des accusés, affichent tout de même de sérieux atouts : ils tiennent tête à l’humidité et à l’oxygène, limitant ainsi certains dangers pour la santé.

Carton ou plastique : une comparaison qui va au-delà des idées reçues

Impossible de trancher la question de l’emballage sans provoquer des débats entre industriels et spécialistes. Le carton séduit pour sa réputation de matériau « propre » et pour l’image responsable qui l’accompagne, mais dans les coulisses, sa fabrication engloutit des quantités considérables de bois, eau et énergie. Chaque étape, du papier kraft au carton ondulé, laisse son empreinte. Les cartons recyclés, à fibres vierges ou compacts n’affichent pas les mêmes performances : résistance à la compression, adaptation aux produits fragiles, tout dépend du besoin. Mais ce matériau reste perméable à l’humidité et à la graisse, ce qui restreint ses usages dans l’agroalimentaire.

Face à lui, le plastique ne s’efface pas. Sa légèreté, son étanchéité et sa capacité à protéger contre l’oxygène, la vapeur d’eau ou les contaminations externes en font un allié redoutable. Un gobelet plastique ou une boîte thermoformée prolonge la fraîcheur des produits alimentaires. Même le papier carton, vanté pour ses qualités écologiques, doit parfois recevoir des couches supplémentaires, barrières chimiques ou plastiques, pour rivaliser. Le carton ondulé et le papier cannelé conviennent bien aux coffrets ou aux boîtes d’expédition, mais pour l’étanchéité parfaite, il faut des additifs.

Voici un aperçu concret des forces et faiblesses de chaque option :

  • Carton recyclé : donne une nouvelle vie aux déchets, mais expose à des risques de migration de produits chimiques.
  • Carton à fibres vierges : plus robuste, mais exige une exploitation forestière accrue.
  • Emballage plastique : barrière performante, mais la question de sa biodégradabilité et de la gestion des déchets reste entière.

En France, la tendance est à la promotion de la certification FSC dans la fabrication carton. Mais sur le terrain, les entreprises jonglent sans cesse entre innovations, contraintes techniques et enjeux écologiques.

Quels impacts sur la santé et la sécurité des consommateurs ?

L’enjeu de la migration de substances depuis le carton d’emballage vers les produits alimentaires ne cesse de gagner en visibilité. Le carton recyclé attire les entreprises qui cherchent à améliorer leur bilan environnemental, mais il soulève aussi des interrogations sanitaires. Les huiles minérales contenues dans les encres et adhésifs des cycles précédents s’accumulent dans les fibres. Même après recyclage, ces substances persistent. Plusieurs analyses indépendantes l’ont confirmé : la migration vers les aliments secs comme les céréales, le riz ou les pâtes est une réalité.

Les adhésifs et agents chimiques utilisés pour renforcer la solidité du carton ou donner un aspect particulier au papier kraft ne disparaissent pas complètement non plus. Passer au carton à fibres vierges permet d’atténuer ce phénomène, mais la prudence reste de mise. Les agences sanitaires françaises, notamment l’Anses, soulignent le danger d’une exposition répétée à certaines huiles minérales aromatiques (MOAH), soupçonnées d’effets cancérogènes sur le long terme.

Pour permettre d’y voir plus clair, voici les principaux éléments relevés par les experts :

  • Huiles minérales, encres, adhésifs : principaux responsables de la migration dans le carton recyclé.
  • Effets des huiles minérales : risque potentiel pour la santé, en particulier chez les enfants.
  • Carton à fibres vierges : option plus sûre, mais avec un impact environnemental marqué.

Côté alternatives, verre et emballage plastique restent, à ce jour, les matériaux les plus stables du point de vue sanitaire. Ils limitent la migration de composés indésirables, ce qui oblige fabricants et conditionneurs à faire des choix parfois complexes, sous le regard attentif d’un public de plus en plus informé.

Déchets de carton aplatis sous la pluie sur un trottoir brillant

Vers des alternatives d’emballage vraiment durables : pistes et limites à connaître

L’urgence écologique impose de repenser l’emballage, mais le terrain est semé d’embûches. Le carton recyclé a pour lui sa recyclabilité et sa capacité à se décomposer naturellement, des arguments de poids dans l’économie circulaire. Pourtant, la chaîne de production du carton ondulé, l’approvisionnement en matières premières naturelles ou la présence de produits chimiques qui nuisent à la compostabilité mettent à mal ce scénario.

La certification FSC ou PEFC garantit que les forêts sont gérées de manière responsable, mais ne dit rien des émissions carbone liées au transport ou des traitements subis en fin de vie. Le verre recyclable à l’infini attire par sa durabilité, mais son poids alourdit le bilan énergétique du transport. Quant à l’emballage plastique, les progrès en matière de recyclage sont notables, même si, en France, la proportion réellement recyclée reste limitée.

Pour mieux saisir les limites de chaque matériau, voici une synthèse des points clés :

  • Carton recyclé : fort taux de recyclage, mais compostabilité freinée par les encres et colles.
  • Verre : se recycle sans perdre en qualité, mais son transport pèse sur l’environnement.
  • Plastique : le recyclage progresse, mais la question des microplastiques demeure.

Les avancées se nichent aussi du côté du papier végétal, des biorésines ou par l’innovation dans des procédés industriels plus propres. La certification ISO 14001 sert désormais de référence pour les entreprises qui veulent limiter leur empreinte environnementale. Au final, chaque choix d’emballage se fait à l’équilibre, entre contraintes techniques, cadre réglementaire strict et attentes croissantes des consommateurs.

Face à cette mosaïque de solutions, la vraie révolution ne viendra peut-être pas d’un matériau miracle, mais d’une remise en question de nos usages, de notre rapport au jetable et de notre capacité à exiger des alternatives qui tiennent la route sur toute la ligne.